Thursday, 4 May 2017

Le théâtre de l'absurde; un bon choix des mots?

Depuis 3 ans que je fais du théâtre, et bien plus longtemps que j'en vois, j'ai souvent entendu parler du théâtre de l'absurde, sans y avoir réellement affaire. Cependant, j'ai eu cette année un aperçut de ce pan du théâtre, lors d'un stage en milieu d'année, et deux choses m'ont parut intéressantes: la manière de jouer le théâtre de l'absurde, assez développée et complexe en vérité, et le sens qui transparaissait de ce théâtre qui, d'après son nom n'a pas le moindre sens. En effet, c'est le sens premier du mot absurde, tel que l'est la phrase suivante;

Quand on pense au théâtre de l'absurde, les premiers auteurs qui nous viennent en tête sont généralement Beckett et Ionesco, et pourtant cette dernière elle même refusait l'appellation de  théâtre de l'absurde, ce qui est bien normal: dans ce théâtre plus que dans la comédie ou la tragédie, chaque détail doit être pensé afin que le message ne se perde pas dans une mise en scène qui donne une impression de confusion au milieux d'une histoire dont l'intérêt n'est pas d'être une histoire, mais un vecteur. Si le tragique à pour but la catharsis, et le comique le rire, doublé souvent de critique, le but du théâtre de l'absurde est la transmission d'un message. Ainsi, dans la pièce "En attendant Godot" de Samuel Beckett, le Godot en question n'arrive jamais, et c'est son absence qui entraîne des réflexions et des doutes chez les deux protagonistes de la pièce, Vladimir et Estragon. C'est donc une situation fixe et sans fin qui donne le contexte de la transmission du message.
De même dans "La Cantatrice Chauve", de Ionesco: ce personnage qui fait le titre de la pièce est mentionné deux fois, et n'apparait jamais!

Eugène Ionesco: "Qu'importe que la cantatrice soit chauve, puisqu'elle n'existe pas"


Au niveau des thèmes, le théâtre de l'absurde est très cohérent, une fois placé dans son contexte:
la solitude de l'Homme, le tragique de l'existence, l'impossibilité à communiquer ou encore l'angoisse des Hommes face à la mort. En réalité, le théâtre de l'absurde est cohérent par rapport à son époque. 


Après la première guerre mondiale, qui à représenté pour beaucoup la victoire de la barbarie sur la culture, la tendance principale à été à l'existentialisme, soit la philosophie de:---------------------------->
Le contexte général était au pessimisme, ce qui peut expliquer l'utilisation du terme "théâtre de l'absurde" par Martin Esslin dans l'un de ses essais, ce terme s'adapte au thèmes de ce théâtre auparavant inclassable dans la ligné de la croyance existentialiste. C'est donc le premier à englober sous ce terme les univers de Ionesco et de Beckett, qui partagent en plus des thèmes plusieurs caractéristiques communes: En premier une déstructuration du langage, par l'enchaînement de phrases dénués de logique, mais qui est en fait purger de ses transitions et fait majoritairement de phrases simples. Dans un dialogue, entre Vladimir et Estragon dans la pièce de Beckett "En attendant Godot",on voit la logique de ce dialogue: une idée exprimée, le dialogue ne revient pas dessus et se poursuit directement:

"Estragon -Qu'est ce que tu as?

Vladimir -Je n'ai rien.

Estragon - Moi je m'en vais.

Vladimir -Moi aussi."

Les codes de l'absurde à ses débuts ne suivent donc pas de conventions, qui deviennent pour une société une sorte de logique pré-établit, mais se plie tout de même à des codes que l'on peut identifier par l'analyse, tant des thèmes que des textes et des mouvements anarchiques se déroulant sur scène.
On pourrait résumé une partie des codes du théâtre de l'absurde à un unique code "briser les codes pré-établit"; ainsi, les thèmes sont nouveaux, les dialogues déstructurés, et il devient fréquent que le quatrième mur soit brisé.


Par exemple, dans la pièce de Ionesco Scène à quatre, qui est celle que nous avons joué lors de notre stage sur le théâtre de l'absurde, les différents personnages finissent par se disputés la place de partenaire amoureux de la "Jolie Dame", un autre personnage. Cependant, celle-ci fait les frais de cette rivalité, se retrouvant dépossédée de plusieurs membres. Elle se tourne alors vers le public et dit "Mesdames et Messieurs, je suis parfaitement d'accord avec vous. Ceci est tout à fait idiot."

Chez Beckett, cette suppression du mur est plus subtil, elle tient au nom de la pièce: En attendant Godot. Les personnages ne sont pas les seuls  à attendre ce Godot; le public attend avec lui l'arrivée de celui que le titre annonce comme le personnage principal, ce qui se voit très bien dans la mise en scène de Yann-Joël Collin, qui éclaire également le public et la scène. Ainsi, non seulement le public se sent être dans la pièce, attendant le dénommé Godot, mais cette mise en scène souligne également une autre question: Godot serait-il dans l'assistance? Cependant, comme Ionesco l'avait dit pour la cantatrice chauve, peut-importe ou se trouve ce Godot, puisqu'il n'existe pas.
















Yann-Joël Collin et Cyril Bothorel



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